35ème Prix du Jeune Écrivain : Un jeune auteur haïtien se fait remarquer

Temps de lecture : 3 minutes

Dernière mise à jour : 3 octobre 2019 à 11h47

Dans la liste rendue publique le mercredi 25 septembre 2019 par le jury du 35ème Prix du Jeune Écrivain, Djevens Fransaint figure parmi les 12 lauréats 2020. Le 21 mars 2020 est la date retenue pour le dévoilement du palmarès au salon du Livre de Paris.

L’étudiant à la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA) de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) se signale dans ce coucours par sa nouvelle « Nos doux petits fantômes ». Désormais, son nom demeure dans les annales de ce prix qui recompense chaque année, depuis 1984, des œuvres de fiction (nouvelles, contes ou récits) écrites en langue française par de jeunes auteurs de toutes nationalités, âgés de 16 à 26 ans.

Convaincus que ce jeune écrivain haïtien mérite une attention particulière, nous avons cru bon de lui interviewer autour de son œuvre et de son rapport avec la littérature.

Balistrad : Qui est Djevens Fransaint?

Djevens Fransaint : L’imposture est l’embuche qui jonche souvent nos propos quand il s’agit de parler de soi. Mais que peut-on y faire ? Je me vois comme un type modeste, né en 1998 et ayant vécu la bonne majorité de sa vie aux Gonaïves. Etudiant de la Faculté de Linguistique Appliquée (UEH) depuis 2017, je partage mon temps entre bouquiner et écrire. J’ai écrit mon premier texte – c’est par imposture que j’appelle mon premier gribouillis ainsi, faute de mieux- en 8ème année, une fiction amoureuse et mythologique. J’ai vite compris qu’on n’écrit pas sans lire. Ainsi je me suis mis à fréquenter la bibliothèque de mon école. Ecriture et lecture sont étroitement liées chez moi.

Balistrad : Votre nouvelle titrée « Nos doux petits fantômes » figure parmi les textes retenus par le jury du 35ème prix du jeune écrivain. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Djevens Fransaint : J’ai toujours écrit dans la solitude. Savoir que votre texte est apprécié par un jury composé d’écrivains confirmés augmente la confiance en soi. Et c’est aussi une ouverture, un moyen de se voir publié.

Balistrad : Quelles étaient vos réactions en apprenant que vous faites partie des auteurs lauréats ? 

Djevens : Je ne vous le cache pas, j’ai mal supporté l’attente. Surtout que les sélections et les délibérations se font au cours de plus de quatre mois. En apprenant la nouvelle, c’était vraiment la joie, un bonheur à annoncer à mes proches.

Balistrad : « Nos doux petits fantômes » , de quoi/qui parlez-vous à travers de les lignes de cette nouvelle ?

Djevens Fransaint : Nos Doux Petits Fantômes est le récit de Marie qui revient sur son enfance passée au côté de son petit frère Pedro. Aussi d’une tragédie familiale. D’un sursaut en dehors d’une réalité étouffante. C’est l’histoire de ces deux enfants qui évitent leur père, ancien peintre, qui est atteint de paralysie complète et dont l’attitude distante blesse la mère. Au fond ils ne le fuient pas. Au contraire, les enfants redonnent vie à leur père par le biais de petites créatures qu’ils dessinent et qu’ils appellent leurs petits fantômes. C’est aussi l’histoire de ces dessins, les petits fantômes, qui aident les enfants à faire face au drame familial.

Balistrad : Quelle relation gardez-vous avec la littérature ?

Djevens Fransaint : La littérature est, selon moi, une aventure du langage. Par le biais de ses signes, c’est  toute la Vie qui est représentée grâce au jeu des référents et l’effet du réel. Contrairement à ce que certains croient, la littérature est du côté de la « lucidité », quand on croit qu’elle nous sépare du monde, elle nous invite à le voir autrement, d’une façon qu’on se retrouve éclairé par la mémoire de tous les écrivains qu’on lit et qui ont vécu avant nous (Par exemple, la lecture des romanciers haïtiens est un excellent moyen de saisir les travers de notre société). C’est la littérature qui garde un rapport avec moi, un rapport de lucidité et d’invitation à explorer les choses humaines par le système du langage.

Balistrad : Espérez-vous devenir un auteur confirmé ?

Djevens Fransaint : Plutôt un auteur qui plaira à des lecteurs même après l’apocalypse.

Balistrad : Quels sont vos projets relatifs à l’écriture ?

Djevens Fransaint : Les idées ne manquent pas, mais du « Vouloir-écrire », qui est du côté du désir, à l’action même d’écrire, il y a tout un monde d’indécisions et de doute, ou l’œuvre future se présente à nous comme fantasme, nécessité et douleur (expérience de la page blanche). Je ne crois pas au mythe de l’inspiration, tout est question de disposition. On se dispose à écrire par la lecture et par la préparation (documentation, recherche,…) sur le thème choisi (Jack Kerouac a pu écrire Sur La Route en 20 jours qu’après de longues prises de notes). C’est pour cela que je me consacre davantage à la lecture que je vois comme le premier pas de tout projet d’écriture.

Propos recueillis par Billy Doré

dorebilly100@gmail.com

À propos Billy Dore

Billy Doré est journaliste à Balistrad. Il est étudiant mémorand en Sciences Politiques et étudiant en Sociologie à l'Université d'État d'Haïti.
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