J’ai faim

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 8 juillet 2019 à 10h13

Une passion commune, voilà comment nous nous sommes rencontrés. Voilà Anastasia et moi, sur une piste de danse, mes mains sur ses hanches, son regard accroché au mien comme deux âmes qui se connaissaient depuis belle lurette. Pas de beaux discours, pas de flirt ni de causerie à deux balles , tout est venu naturellement, d’un élan de folie quand je lui ai demandé gentiment une danse contre une crème à la glace…

Tout a débuté plus vite que je ne l’aurais cru. Ça me plaisait sans m’en rendre compte: plus on se connaissait, plus il y avait à découvrir. J’avais finalement compris ce concept: plus on apprend, plus on se rend compte qu’on ne sait rien. Certains de mes homologues mâles, très confiants , beaux parleurs ,et tout ce qui va avec, se sentent rassasiés dès les premières minutes du film: petite invitation au resto, doux appels très tard dans la nuit, les jolies marques d’attention. Tous ces efforts pour ne se contenter que de la bande annonce du film et s’envoler après la  » première danse » (pour ceux qui ont l’esprit fertile)!

Elle me parlait de ses séances d’opéra sous la douche, de sa timidité en public, de ses goûts bizarres pour la nourriture coréenne, ses escapades juvéniles lors de ces étés qui ont marqué son enfance, ses péchés mignons qui l’empêchaient de maigrir, ces films qui faisaient couler tant de larmes sur son visage, de sa joie quand quelqu’un lui offrait son chocolat préféré. Elle me parlait aussi de ses pleurs le soir quand son père battait sa mère, ses inquiétudes quant à l’avenir de ses études, de son cœur brisé, trahi bon nombre de fois.

Moi, je lui dévoilais mes petits secrets, ma peur bleue des araignées dans ma chambre, mes accidents urinaires quand il fait froid, ma passion pour le théâtre et la musique, mes talents de cuisine cachés. Je lui parlais aussi de la solitude que je ressens assez souvent, de cette dépression qui se cache derrière mes éclats de rire dont personne ne s’est rendu compte. On s’est ouvert comme dans un miroir. On voulait plus: passer plus de temps ensemble, se parler , se promener, de petits jeux coquins. Toujours plus!

Cependant j’ai faim! Oui, faim de savoir comment ça s’achèvera. L’idiot direz-vous ! Il faudra que j’apprenne à profiter le moment présent. N’est-ce pas là le secret du bonheur ? Il me faut savoir si je rêve ou pas. J’ai faim de savoir qui elle est, comment fait elle pour me rendre si accro, si idiot. Dans cette aventure, j’avance pas à pas. Quoiqu’on pensera, j’ai faim de savoir où cela me mènera.

Mortel Olivier

À propos Olivier Mortel

Mortel Olivier est un étudiant en 5ème année de médecine, comédien dans Les Amants de la scène, et Coordonateur de YAD-HAÏTI (Youth Association for development) Il est passionné par tout ce qui touche l'art en général. Il aime exprimer ses observations, sa vision a travers ses textes.
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