Georgy Lundy

Entretien avec Georgy Lundy, auteur de DEGI

Temps de lecture : 5 minutes

Dernière mise à jour : 27 octobre 2018 à 11h16

Chaque semaine, nous vous proposons dans les colonnes de Balistrad une interview avec un auteur. Ces auteurs auront à parler de leurs stratégies d’écriture et de leurs rapports avec la lecture.

Aujourd’hui, nous vous proposons de rencontrer Georgy Lundy. Il est poète. Il vient de publier son recueil de poèmes intitulé : “Degi”.

Georgy Lundy

Balistrad : Comment vous est venue l’idée de publier? Était-ce une phase nécessaire ou pas?

Georgy Lundy : Honnêtement, quand j’écrivais mes premiers textes, je n’avais pas eu l’intention de les publier. En 2007, j’ai rencontré Bien Cher Louis Pierre (qui malheureusement n’est plus de ce monde), il a vu quelques textes et c’était la première personne à m’encourager à prendre cette voie. Tout était fin prêt dès l’année 2008, mais j’ai dû attendre cinq ans avant la publication de « PIKE KOLE », soit en 2013.

Bien sûr ! Pour moi, c’était à la fois important et vraiment nécessaire de publier. Cela aurait permis au grand public de découvrir une autre facette de mes talents, mais aussi et surtout de lancer ma carrière dans le monde littéraire. Pendant des années, je participais à la plus grande foire du livre de ce pays en tant que bibliophile; je voyais les écrivains signant des bouquins pour les lecteurs, pourtant j’avais eu un recueil dans mon tiroir. Je me suis toujours dit qu’un jour je serai assis tranquillement à Livres en folie afin de signer (moi aussi) pour mes lecteurs. Quand j’ai finalement publié « PIKE KOLE », mon rêve était devenu réalité.

B : Pourriez-vous m’en dire un peu plus à propos de votre livre et explique à qui il s’adresse ?

GL : « DEGI » qui est mon dernier livre en date a été publié lors de la période estivale de l’an 2017. C’est un recueil de poèmes s’adressant aux amants de la poésie, et à ceux et celles qui aiment lire tout simplement

Balistrad : Quelle(s) difficulté(s) avez-vous rencontré pendant l’écriture de ce livre ? Comment les avez-vous surmontées ?

Georgy Lundy : Euh… j’ai croisé pas mal d’embûches sur mon chemin pendant l’écriture de ce bouquin. Pour commencer, le livre devrait être publié en 2016 et c’était l’année la plus difficile de toute ma vie. D’une part, ma maman était souffrante, elle a été hospitalisée à plusieurs reprises. Je devrais être à son chevet et être là pour elle parce qu’elle avait vraiment besoin de la présence de ses enfants au cours de ces derniers moments sur terre. En dépit de tout, elle allait rendre son dernier souffle en septembre de cette même année. D’autre part, je revenais d’une rupture assez douloureuse suite à une relation amoureuse. Il fallait surmonter tout cela et ne pas abandonner mon rêve. Finalement, j’ai laissé coulé l’eau, et j’ai publié le recueil en juin 2017. Pour la publication, je n’avais pas eu de support sur le financier certes, mais encore une fois mes amis étaient tous là à mes côtés. J’ai franchi le cap parce que j’avais eu la détermination, le courage de résister, et la volonté de ne jamais baisser les bras malgré les difficultés.

B : Pouvez-vous nous présenter l’ouvrage vous même ?


GL : Comme je l’ai dit plus haut, « DEGI » est un recueil de poésie en créole d’une cinquantaine de pages, dont  j’ai écrit en mémoire de ma mère, et qui est sorti en juin 2017 chez C3 éditions. L’amour, l’environnement, le climat d’insécurité qui règne à la Capitale, les relations sentimentales et Haïti sont, entre autres, les thèmes traités dans ce livre. J’ai également écrit un texte en hommage à la ville de Jacmel que j’adore énormément, et un autre pour ma maman que j’ai eu l’occasion de lire pour elle avant son départ pour l’au-delà. En tant qu’amant de la poésie, je le trouve assez intéressant et jusqu’à présent le feedback est très positif (les chiffres de vente peuvent en témoigner). Je crois avoir déjà vendu environ 500 exemplaires. Donc, on avance et d’ors et déjà, je travaille sur  un autre recueil qui sortira sans doute l’année prochaine.

Balistrad : Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Georgy Lundy : Absolument !  Pour être un bon auteur, il faut lire, lire, lire et lire. Il n’y a pas de secret là-dessus; si on veut devenir un bon auteur, on doit être avant tout un grand  lecteur. Moi, je lis tout ce qui me tombe sous la main. J’ai ma petite bibliothèque à la maison, et je suis également membre de deux bibliothèques à Port-au-Prince.

B : Pensez-vous que l’écrivain joue un rôle particulier dans la société?

GL : L’écrivain joue un rôle important dans tout société. Même si ici (en Haïti) les gens de lettres ne sont pas toujours bien traités, ils contribuent malgré tout au développement de ce pays à travers les sujets qu’ils traitent dans leurs livres et ils invitent toute la population à y réfléchir.

La lecture, une tradition familiale

Balistrad : La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter?

Georgy Lundy : Drôle de vie? (rire) Jusqu’à présent ma vie est assez tranquille et je ferai l’effort de mener une vie paisible quelque soit le niveau de succès que j’attendrai à l’avenir . Des fois, on me reproche d’être un peu drôle, mais je crois que cela n’a rien à voir avec le fait que je sois poète ou écrivain.

J’ai une anecdote à la fois amusante et émouvante que je vais partager avec vos  lecteurs. Le lendemain de la première vente signature de DEGI; étant donné que tous mes frères n’ont pas pu être là la veille, ils se sont arrangés et ils ont organisé une « Surprise vente signature » dans ma chambre. On a cogné à ma porte, en ouvrant, à ma grande surprise j’ai vu une petite ligne devant la porte composée uniquement des membres de ma famille. Wouy! Kè m manke rete jou sa a !

Avec beaucoup d’émotions, j’ai signé des livres pour mes frères, mes belles sœurs, mes tantes, mes petits cousins et l’un de mes oncles. J’ai été heureux de partager ce moment avec eux.

Georgy Lundy

B: Quelles sont vos relations avec vos lecteurs?

G L : La grande majorité de mes lecteurs ce sont des amis ou des membres de ma famille. Donc, j’ai un très bon rapport avec mes lecteurs. Et leurs critiques me sont d’une importance capitale.

Georgy Lundy et les livres

Balistrad : Quelle place les livres occupent-ils dans votre vie?

Georgy Lundy : Je lis au moins trois livres chaque mois. Alors en toute sincérité,  je n’imagine pas ma vie sans les livres. Et j’en profite de cette occasion pour remercier mes parents qui m’ont toujours encouragé à lire au lieu de regarder la télévision.

Grâce à un livre, on peut voyager sans visa ni avion (rire) et cela te permet de t’évader. Autre chose importante, on n’est limité ni dans le temps ni dans l’espace qu’on évolue. Le bonheur que peut procurer un bon moment de lecture est tout simplement inégalable.

Balistrad : Pour finir, parlez-nous de cinq (5) livres qui vous ont marqués?

Georgy Lundy : J’ai beaucoup de livres qui m’ont marqué, mais je vais quand même choisir cinq (5) d’entre eux.

Le Passage – Paulette Poujol-Oriol

L’heure hybride – Kettly Mars

Désespoir des anges – Henry Kénol

L’Ange du patriarche – Kettly Mars

Gouverneurs de la rosée – Jacques Roumain

Propos recueillis par Garens Jean-Louis

À propos Garens Jean-Louis

Je suis Garens JEAN-LOUIS, Haïtien. J’ai une formation de base en linguistique. Je suis un passionné des sciences humaines, de la photographie et des petits plaisirs de la vie. J'aime dire tout haut ce que les autres pensent tout bas. L'écriture est ma façon d'affirmer mon existence et ma dissidence.
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