Un manifestant cagoulé, muni de pierres, participe à une manifestation contre les pénuries de carburant et demande la démission du président Jovenel Moise, à Port-au-Prince, en Haïti, le 20 septembre 2019. | © Photo AP

Et si l’heure était enfin venue pour Haïti ?

Temps de lecture : 4 minutes

Dernière mise à jour : 9 octobre 2019 à 9h15

Si vous voulez bien le savoir, je ne compte pas tout simplement faire ma part. Cela ne suffit pas en ces circonstances déplorables et révoltantes que traverse Haïti ces jours-ci. Je tiens plutôt à provoquer en chacun la nécessité de faire sa part, afin d’arriver à une issue favorable pour la nation toute entière. Pour arriver à la solution depuis trop longtemps recherchée pour que chaque citoyen de ce pays soit rayonnant et fier, ayant la tête altière. Sans l’urgente prise de décision qui s’impose pour le dénouement, tous nous périrons sur le chemin que nous avions déjà trop longtemps emprunté. Sauf, peut-être, ceux qui ne sont que de transit ici et n’ont d’intérêts que leur propre bien-être. Eux seuls peuvent ne pas voir le malheur qui s’épaissit de plus en plus.

La misère se lit sur les visages et manifestée dans l’apparence physique. Même les odeurs des gens les catégorisent par classe sociale et par lieu de domicile. C’est un fait incontournable, cette affaire de classes en Haïti. Des regards sont devenus menaçants, et certaines lèvres ont perdu le sourire. C’est la loi de la jungle instaurée par des gangs armés qui se reproduisent comme des champignons dans tous les recoins du pays. Activité alimentée par des potentats et des nantis. Les services publics, et même privés, sont répugnants et démotivants. La révolte et le changement sont inévitables.
En plein 21e siècle, Haïti se retrouve au bord du cannibalisme. Nous sommes arrivés au point du fratricide et du génocide. Et, ce ne sont pas les amis anciens et dominants de toujours qui viendront nous en sortir de là. C’est même dommage que des groupes ont fait corps sur ce pays pour l’enfoncer dans le gouffre et faire passer ses enfants pour des sauvages. Il faut comprendre que ce sont les tripes qui commandent la plus grande majorité des têtes qui ont réclamé le macadam. La misère peut avoir des expressions inimaginables et fatales lorsqu’elle est débordée.[irp posts= »7434″ name= »La banane empoisonnée »]

La corruption, l’anarchie, les fossés socioéconomiques ne pourront pas toujours subsister. Il y a toujours un temps de réveil, et 2019 peut en être un. Haïti est sur la route d’écrire désormais une nouvelle page de sa destinée, et la conscience de chacun doit être secouée pour permettre cet élan de changement. Pour une fois, laissons-nous donc prendre conscience de l’état dans lequel nous nous nous trouvons. Lorsque ça marche pour mon voisin, cela devrait aussi me faciliter la vie. Une bonne répartition morale et humaine des richesses doit être faite. Les Haïtiens ne demandent jamais beaucoup, juste le nécessaire pour vivre en paix. Mais, garder la majorité dans la crasse, l’isolement et l’inhumanité, c’est un crime contre lequel on doit s’attendre à la révolution.

Le peuple haïtien a besoin d’être réorienté, mais aussi d’être considéré pour ce qu’il est, ce qu’Il représente dans l’histoire du Monde. Un peuple grand! Un peuple combattant! Un peuple fier! Un peuple résilient!. Travailleur et innovateur! Oui, qu’Haïti se relève! Qu’Haïti rentre dans le concert des nations!

Aujourd’hui, le chemin est d’abord à travers la JUSTICE à instaurer. Justice légale, justice sociale, justice économique…

Pour le judiciaire, la loi doit être au-dessus de tous. Personne ne doit être au-dessus de la loi. S’il le faut bien, qu’un nouveau groupe de juges soit installé et que chacun d’eux soit redevable directement par devant le peuple « souverain ». Le peuple a son mot à dire pour la sauvegarde de la Justice.

Les relations sociales doivent être réinstaurées. Trop longtemps déjà les peaux claires et les peaux foncées n’ont point de lieux de rencontre. Il faut des lieux communs où chaque habitant de cette terre, chaque enfant, puisse se socialiser ensemble. Tous les enfants sur cette terre doivent pouvoir se côtoyer et se rencontrer en certains lieux et ainsi bannir les préjugés et les discriminations. Que l’on soit riche ou défavorisé, on doit pouvoir avoir l’opportunité d’être des amis comme dans un temps passé. La couleur de peau ne doit pas être un passeport ni une barricade.

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Les richesses doivent être distribuées et redistribuées équitablement. Le favoritisme doit être réduit à son plus bas niveau, et les opportunités doivent être à la portée de tous. Jamais tous n’auront le même niveau de bien et de vie en réalité. Mais, tous doivent pouvoir vivre décemment lorsqu’on aura fait le choix du travail légal et moral. La responsabilité et l’intégrité doivent être payantes. Lorsqu’on aura fait consensus autour du bannissement de la corruption, du détournement, et des faussées économiques, un autre jour luira. La justice triomphera.

L’heure n’est plus à la parole et aux théories utopiques, mais à l’action. Et les haïtiens n’ont pas à s’attendre que d’autres viennent les sortir de l’abîme où nous nous trouvons alors que nous nous enfonçons de plus en plus. C’est notre affaire! C’est à nous tous et à chacun enfin de relever le pays. Il y a un système désuet qui s’éclabousse et qui voudra de droit se perpétuer, mais il y a aussi de nouvelles têtes motivées à émerger et à prendre la forme des nouvelles orientations pour le développement durable. Donnons-nous la chance de nous en sortir. Libérons nos coeurs! Libérons notre conscience! Faisons d’Haïti le rêve du reste du Monde. L’heure a sonné. Rater le Momentum, et les fourmis se délecterons avec joie de nos regrets. Les générations futures comprendront peut-être combien barbares nous aurons été, autant que les flibustiers des 16e, 17e et 18e siècle sur cette terre.

Jacky Chery

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