Haïti, radiographie d’une société aux valeurs effritées

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Aujourd’hui, le pays patauge dans le bas-fond d’une crise morale généralisée qui a atteint son apogée. Partout ici, la corruption et l’irrespect sont les règles d’or pour parvenir à un semblant bien-être. L’église, la famille et le « lakou » ne sont pas épargnés. Triste constat !

En un temps record, nous affichons une apparente carence de modèles qui fait peur : presque tous les dirigeants religieux, toute dénomination incluse (les plus connus en tout cas) ont failli à leur mission première: être le berger du troupeau. On parle de la faillite quasi-généralisée des institutions de référence.

Crédit photo : Pixabay

Parallèlement, nos leaders politiques ne sont pas capables de proposer des viables. La classe intellectuelle, les artistes se laissent malheureusement, et de façon considérable, entraîner vers cette facilité qui tue sans pour autant joindre les deux bouts. Une telle situation qui pousse sans arrêt à se questionner sur une possible issue.

Une très grande partie de la jeunesse haïtienne est déviée par les corrompus. Elle se retrouve malheureusement dans une situation catastrophique où le temps, la perfection des talents, le travail, sonnent comme des chimères. Les valeurs sont devenues des ennemis de ces jeunes piégés par tout un système mangeur d’homme. Le temps de ces derniers sont minutieusement employés à ne rien faire ou à planifier des bêtises. Les contraintes administratives ou professionnelles ne veulent rien dire pour eux. Éternels insatisfaits, les gens formant cette mosaïque de corrompus ne recherchent que de la richesse matérielle. Tous les moyens paraîtront alors bons pour eux. Ils finiront, sous les yeux complice de l’État, par transformer le pays en un vaste marché dépourvu de règles et de valeurs. Les notions comme « peule », « pays » passent en second plan face à cette course sans bornes pour l’argent : ANN REGLE BIZNIS NOU ». Ainsi, dans l’ombre devient notre plus fidèle allié. Dans chaque ville, chaque rue, ruelle et coin, il y a toujours des Haïtiens à manigancer de mauvais coups et ce aux détriments de la patrie.

Se conformant dans la corruption pour noyer le pays, pratiquement tous les Haïtiens, d’ici et d’ailleurs, d’une façon ou d’une autre, ont trahi HAÏTI. Plus d’un voient un tel acte comme normal. Ceux qui ont le courage d’élever leurs voix pour critiquer de telles pratiques ou exiger des redditions de comptes sont chahutés sont indiqués comme des tapageurs. Ce faible reste a alors la très lourde responsabilité de redresser la barque pour la refondation de notre Patrie. Un travail compliqué puisque ces derniers sont perçus comme les anormaux. Cependant, nous sommes tous unanimes à dire qu’il n’est plus possible de continuer avec un état macrocéphale, un gouvernement hypertrophié, une administration corrompue négligeant , oppressant et terrorisant sa population.

L’exemple du chef de gang Arnel Joseph, véritable théâtre macabre de notre politicaillerie infernale, est assez parlant. Simple soldat en 2011, il est devenu entre 2017 et 2018, l’un des plus puissants chefs de gang du pays avec des relations privilégiées avec des officiels, des dirigeants de l’État, des hommes d’affaires. Son cas est loin d’être un accident. C’est malheureusement le fruit d’une société où les hauts fonctionnaires de l’État et hommes d’affaires créent ces hors-la-loi, ces bandits notoires pour mieux assoir leurs intérêts mesquins. Les déclarations d’Arnel Joseph sont alarmantes. La Justice haïtienne sera-t-elle à la hauteur de l’attente de cette population haïtienne oppressée, négligée et terrorisée ?

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La population haïtienne oppressée, négligée et terrorisée, ce faible petit reste, des Haïtiens honnêtes et compétents qui luttent depuis toujours pour le VRAI changement d’Haïti, il est de notre devoir de nous ériger en véritable jury populaire pour influencer positivement le jugement du siècle. La construction de la société dont rêvons prendra beau de temps mais il nous faudra rester droits en toute circonstance pour nos enfants et vos petits enfants. Nous ne pourrons jamais tous partir ! L’heure est aux grands sacrifices. Il ne sera pas uniquement question de dénoncer mais de mener des luttes articulées. L’Haïti sûre et prospère dont nous rêvons est encore possible si nous sommes tous d’accord que l’honnêteté est la meilleure politique.

Jean Frantz Phillipe,
Ecrivain, poète, journaliste
pejifranzou1@gmail.com

À propos Jean Frantz Philippe

Journaliste et poète (5 recueils à mon actif), j'ai été Directeur de Publication au journal INFERNO (2017).
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