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[ Haiti ] S’adapter pour survivre

Temps de lecture : 1 minute

Dernière mise à jour : 11 septembre 2019 à 19h02

Certaines choses ici ne nous étonnent plus. Les piles de détritus, les routes non entretenues, les pièces de théâtre de nos parlementaires sont de ces choses qui ne nous indignent plus. On nous a presque forcés à apprendre à vivre avec comme des enfants à qui on intimerait l’ordre d’avaler de la banane qu’ils n’aiment pas paske li bon pou gaz. Gaz! Ce simple mot qui depuis, un certain temps, est devenu à la fois, luxe et évidemment problème.

Depuis cette histoire, nous sommes obligés de nous habituer à d’autres phénomènes comme le gallon jaune au bout de chaque motocyclette, voiture et même chez certains piétons. Les prix des courses également ont grimpé. L’embouteillage devient de plus en plus monstre mais nous nous ne nous laissons pas le choix. Nous nous adaptons…

Au-delà de cette rareté de carburant présente depuis deux semaines-contrairement aux affirmations des autorités qui estiment qu’il n’en est rien-, on a dû « affronter » la rentrée des classes. Dur périple pour ces pauvres enfants qui doivent attendre des heures avant de trouver un tap-tap pour effectuer leurs trajets. La vie n’est pas facile pour ceux qui parcourront des kilomètres de distance à pied et en plus, rentreront étudier et faire leurs devoirs dans le noir.

En effet, s’ajoutent à nos maux, les problèmes d’électricité. Ceux qui en ont les moyens , se procurent des batteries, des génératrices et autres gadgets de tout genre. Pour les autres, ils se retrouvent comme ils peuvent avec lampes, bougies ou toute autre chose pouvant les aider à combattre le noir. Encore une fois, on s’adapte.

En plus, nos compagnies de téléphonie mobile nous lachent à tout bout de champs. Sans aucune explication ou un mot d’excuse! On réagit comment? Quelques remarques acerbes sur les réseaux sociaux à leur retour puis rien. Pas la peine de laisser l’une pour l’autre. Les deux font la paire. Alors, on se tait. On les utilise en les maudissant mais on les utilise quand même.

A force de subir des revers chaque jour, on finit par perdre la force qu’il nous aurait fallu pour nous révolter, nous battre pour une meilleure vie. Le peu d’énergie qui nous reste, on l’emploie à survivre . Pourtant, sans s’en rendre compte, on ne fait que des efforts pour garder la tête sous l’eau. On n’arrive qu’à s’adapter pour survivre.

VD

À propos Vanessa Dalzon

Vanessa Dalzon est Rédactrice en chef à Balistrad, diplômée en Droit à l'Université Quisqueya (UniQ). Elle est l'auteure du roman « Opération-Rupture », chronique publiée dans Balistrad pendant 22 semaines. Vanessa Dalzon partage son temps en dehors du bureau entre l’écriture, la lecture, le chant et les séries télé.
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