© Stephen William Phelps

Hommage à Michel Hector

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 12 juillet 2019 à 18h42

Un mapou est déraciné. Une bibliothèque est fermée. Définitivement, Michel Hector va présentement débattre de la situation d’Haïti avec Anténor Firmin, Jean Price Mars autour d’une table couverte avec le bicolore. Sûrement, il fera allusion à la lutte pour la reddition des comptes, la dernière qu’il a vue avant de partir pour l’au-delà. En tenant compte de la conjoncture actuelle du pays, l’on pourrait considérer son œuvre : ’’Mouvements populaires et sortie de crise – XIXème – XXème siècle’’, cette œuvre qui a fait l’analyse des mouvements populaires passés. Le pays en a connu 4 selon lui (1843-1848, 1867-1877, 1908-1915, 1986-1994).

Le statu quo perdure pourtant. La détérioration de la vie des Haïtiens, l’affaiblissement du régime politique, l’ingérence internationale, la migration forcée débutant peu après l’occupation américaine persistent selon l’historien. Tout cela a suscité des remous dans la société haïtienne, plus précisément au sein de la majorité pataugeant dans la misère, la crasse et l’incertitude du lendemain.

En 1843, Accaau avec le piquetisme, réclamait le partage équitable des terres, un noir à la présidence qui devrait porter plus loin leurs revendications. Cependant le système fort de ses idéologues comme Beaubrun Ardrouin a doublé ces revendications par l’invention de la politique de doublure. Ce qui consiste justement à favoriser l’accès de la présidence à un noir et ensuite l’utiliser pour diriger le pays comme bon leur semblera. 4 chefs d’Etats se sont succédés et les revendications n’aboutirent point .Accaau devient commandant de l’arrondissement du Sud pour son malheur, et après sa mort les revendications cessèrent.

Ensuite survint la période voyant l’accession de Sylvain Salnave. Fort de sa popularité auprès des masses populaires, Salnave mulâtre de son état fut confronté à la bourgeoisie qui lui coupa la route avec une constitution élaborée rien que contenir l’ardeur populiste dont il était l’objet principal. Résultat: avec une coalisation régionale, doublée de la présence des cacos du Nord-Ouest, malgré l’appui des piquets du Sud, il fut fusillé sur les ruines fumantes du palais national où jadis il recevait les déshérités de la capitale.

Avec les mouvements de 1908 qui débouchèrent sur la guerre civile et l’accélération de l’occupation américaine, et ceux de 1986 à 1994 où le peuple a fait les frais de la démocratie nouvellement adoptée, constat est fait: la source de ces mobilisations est le refus de vivre dans la précarité, le refus de la continuité de ce système qui se renouvelle à chaque échec de ces mobilisations, faute de projet de société et de leadership haïtien. Soit la classe possédante s’approprie de ce réveil, soit la communauté internationale intervient pour consolider ses intérêts.

Quelles sont les leçons à tirer de ces luttes ? Quiconque prendra parti pour les plus faibles sera retranché, ce qui pousse à réfléchir sur le type de leadership qu’il faut au mouvement actuel. Cuba en est l’exemple le plus probable. Castro mort, le mouvement aurait été accompli avec Raul, Cienfuegos ou Che. Il nous faut un leadership qui pourra réconcilier le peuple haïtien avec son histoire à travers un projet de société inclusive autour de la jeunesse. Le mouvement Petrocaribe est l’acte final, le dénouement qui devra ouvrir sur une autre société. Une société digne de l’idéal dessalinien.

Honneur et Respect à Michel Hector !

Célestin Richecarde
Celestinrichecarde92@gmail.com

À propos Richecarde Celestin

Celestin Richecarde Juriste-Historien HumanRights Négritude Haïti
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