« Je n’ai pas choisi d’écrire de la poésie, c’est plutôt elle qui m’a choisi » dixit Lovenick Pierre-Louis

Temps de lecture : 3 minutes

Dernière mise à jour : 31 juillet 2018 à 12h44

Né le 31 décembre 1991 à Lachapelle, dans le département de l’Artibonite, Lovenick Pierre-Louis est poète et étudiant en relations internationales à l’ANDC (Académie Nationale Diplomatique et Consulaire). Il est l’ainé d’une famille de quatre (4) enfants dont il est l’unique garçon. Cependant, il a passé une grande partie de sa vie à l’Arcahaie dans un quartier appelé Carrefour-Poy.

Pierre-Louis a écrit ses premiers poèmes à l’âge de quatre ans sous le regard  d’Exumène Joseph, une vieille dame qui l’a initié à la poésie. Amoureuse de cet art du langage, elle a même donné des instructions au poète-diseur sur la façon dont il devait déclamer ses poèmes. « C’est elle qui m’a appris la façon de dire mes textes. Et je dois dire que c’est quelqu’un pour qui j’ai beaucoup d’estime », avoue-t-il.

En 2012, alors qu’il était encore au Lycée, Lovenick a publié son premier livre de poésie intitulé « Méli-mélo ». Beaucoup de gens dont des lycéens ont fait le déplacement pour participer à la vente signature de son ouvrage à la bibliothèque Pradel Pompilus de l’Arcahaie. « Je bénis ce grand jour qui m’a vu signer mon premier recueil de poèmes. Je me le rappelle comme si c’était hier. J’étais assis sur une chaise tout près d’une table dans la bibliothèque. Et les gens qui venaient acheter mon livre s’avançaient. Mais, je ne savais quoi écrire sur la place réservée à la signature. Ce fût mon professeur Mentor Ulysse qui m’avait montré  comment faire », raconte-il tout en souriant. Ensuite, plusieurs autres titres ont paru sous sa plume au fil des années, dont Tèt san kò (2015), Sezon Makrèl (2016), Balade des Anges (2016) et Anba jipon (2017), son dernier titre en date.

Publier ses ouvrages quand on est jeune n’est pas chose facile en Haïti, d’autant que cela nécessite forcément l’aide d’un parrain. C’est à dire d’un écrivain de renom pour vous donner sa grâce. Sinon, tout ce que vous aurez à publier ne sera « autre que de la merde », comme a dit d’ailleurs un de ces monsieurs. Cependant, Lovenick Pierre-Louis semble en avoir échappé belle. « Nous avons beaucoup d’écrivains dont les écrits restent enfouis dans le tiroir de l’oubli, rien que parce qu’ils ont du mal à se faire publier. Par contre,  j’ai de la chance de pouvoir partager mes écrits avec un large public. Et cela représente beaucoup pour moi », déclare-t-il. Par ailleurs, le jeune poète se dit plutôt satisfait par ses fans lecteurs.  Des centaines d’exemplaires ont été vendus et le feedback a été positif et très encourageant.

Chaque poète essaie de définir la poésie à sa manière. Ce qui montre la liberté qu’offre cet art. C’est une liberté que jouissent pleinement les créateurs. Si l’on croit Baudelaire, on pourrait dire que « la poésie n’a pas d’autre but qu’elle-même », puisqu’elle est une expérience fondamentale de liberté. De ce fait, Pierre-Louis la considère comme « un art lui permettant de créer le monde à sa façon, de dire très haut, dans un lot de phrases bien maquillées, ce que le monde pense tout bas. »

« Je n’ai pas choisi d’écrire de la poésie mais l’inverse », dit Lovenick. En fait, la poésie a toujours été et est toujours une arme de combat pour de nombreux poètes. À travers leurs écrits, ils mettent à nu les injustices sociales, dénoncent des actes arbitraires infligés aux petites gens, prennent position contre la bêtise humaine… Pierre-Louis affirme qu’ « écrire de la poésie peut être une forme de résistance dans la mesure où on l’utilise comme arme de combat pour lutter, dire l’indicible et lancer un signal d’alarme quand ça va mal. »

Pour lui, l’écrivain ou le poète développe un lien très étroit entre lui et la société. C’est en effet l’espace dans lequel il vit, écrit, et où proviennent toutes ses inspirations. Donc, il doit se battre au péril de sa vie pour la rendre meilleure.

Lovenick Pierre-Louis invite les jeunes auteurs à lire davantage s’ils souhaitent écrire quelque chose de valable. C’est cette même invitation qu’a faite  Jean Price-Mars quand il écrit : « lisez jeunes gens, lisez beaucoup, lisez lentement. » Selon lui, les livres seraient pour l’écrivain ce que l’esprit représente pour le corps. « L’une des plus belles rencontres que j’ai faite dans la vie est celle des livres », témoigne-t-il tout en mentionnant trois (3) ouvrages qui l’ont les plus marqués en tant que lecteur. D’abord, « Plidetwal » d’Évelyne Trouillot. Ensuite, « Je suis un écrivain Japonais » de Dany Laferrière. Et enfin, « Hadriana dans tous mes rêves » de René Dépestre. »

Puisqu’il faut avoir au moins un écrivain-type pour assurer sa place dans le paysage littéraire haïtien, Lovenick Pierre-Louis a pu choisir, parmi tant d’autres, Frankétienne comme modèle, un des écrivains les plus lus et les plus appréciés de notre littérature, et dont les œuvres dépassent la sphère nationale.

© Dierf Dumène

dierfdumene@gmail.com

À propos Dierf Dumene

DIERF DUMÈNE est né à l'Arcahaie le 2 décembre 1995, ville ayant une grande portée historique pour avoir organisé le congrès de 1803 qui allait donner naissance à la création du bicolore haïtien. Poète, écrivain, nouvelliste, il est aussi secrétaire général d'une association ayant pour but d'accompagner les enfants démunis d'Haïti. Auteur de plusieurs recueils de nouvelles inédits et d'un recueil de poésie, en voie de publication. Il a créé depuis quelques mois un blog-revue, Magie Poétique, qui accueille des poèmes, souvent inédits, de nombreux poètes francophones disparus ou bien vivants.
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