Le Chrétien Haïtien: Entre César et Dieu

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Haïti va mal. C’est un fait. Et je crois que nous en sommes tous responsables. Des gouvernants aux gouvernés. Ou l’inverse – me vient à l’esprit le fameux concept de «servitude volontaire» défini comme une participation des dominés à leur domination. En effet, la politique étant perçue par plus d’un comme quelque chose de «sale», peu de citoyens honnêtes s’y aventurent.  Dans cette foule de citoyens qui tournent dos à la politique, des milliers de «chrétiens», ces «héritiers du Royaume des Cieux». Certains, d’ailleurs, vont jusqu’à affirmer que rien d’ici-bas ne les intéresse – ils sont des citoyens célestes.

Ce discours me dérange. Je suis de ceux qui pensent que tout citoyen, chrétien ou pas, a des droits et des devoirs. Jésus, vénéré par les chrétiens, et dont la philosophie est essentiellement axée sur le concept d’amour mutuel – «aimez-vous les uns les autres», exhortait-il – ordonnait de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est Dieu, donnant ainsi son avis sur le fait que les Israélites, sous accupation romaine, payaient leurs impôts à l’Empereur.

Aujourd’hui, il n’y a plus d’Empire Romain. Aujourd’hui, César n’est plus. Mais il y a encore l’État, qui exerce son autorité sur tout citoyen, quelles que soient ses convictions ou son appartenance religieuse. Or, c’est l’État qui détient le monopole du fisc. Cela dit, le Citoyen, peu importe sa religion(je ne puis m’empêcher d’insister là-dessus), doit rendre à l’État ce qui lui appartient, en l’occurrence taxes et impôts. En retour, l’État lui doit des services: infrasctures routières, hôpitaux, écoles, logements, assurances sociales, etc. Bref, le citoyen a des droits dans la société, et des devoirs envers celle-ci. Droits d’être inclus(par l’État), droits de s’inclure lui-même(en participant dans la vie politique et sociale). Devoirs d’exiger, de demander des comptes quand ses droits sont lésés ou piétinés.

Cependant, on ne va pas se voiler la face: les Églises en général, et les leaders religieux en particulier, jouent un rôle dans ce qui se passe. Comment avoir des citoyens sensibles et impliqués dans un pays où pullulent des églises où on apprend aux «fidèles» à aimer le Ciel plus qu’ils n’aiment leurs prochains habitant le même quartier qu’eux, et victimes des mêmes inconséquences de leurs gouvernants communs?

Il faut que les choses changent!  Et pour ce, tous les citoyens devraient s’impliquer dans les questions de la société. Il faut une participation active de la société civile. Il faut de la volonté politique de la part des hommes et des femmes d’État. Il faut plus de courage au secteur privé des affaires. Il faut des discours et des actions patriotiques de la part des leaders religieux. Aimer ce pays! Mettre la main dans la pâte. Voilà ce qu’il nous faut.

Le Règne de Dieu, dont les chrétiens implorent la venue, viendra peut-être. Beaucoup de chrétiens haïtiens y auront une place. Peut-être. Et j’en serais ravi! Mais, en attendant, nous avons une dette envers Haïti. Il faudra d’abord la rembourser.

 

Samuel MÉSÈNE

Étudiant en relations Internationales à l’INAGHEI. Passionné de littérature, de politique et…du rap.

À propos Samuel Mésène

Né en 1997, Samuel MÉSÈNE est passionné de littérature, de rap et de football. Écrire est pour lui l'une des façons d'exister.
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