Kobe Bryant, au Staples Center de Los Angeles, le lundi 18 décembre 2017. (photo de Hans Gutknecht, Los Angeles Daily News / SCNG)

Le Kobe BRYANT vu d’Haïti

Temps de lecture : 3 minutes

Dernière mise à jour : 28 janvier 2020 à 11h01

Kobe Bryant n’a inventé ni le tir à trois points, ni le trash-talk. Il n’a pas non plus réussi le dunk le plus spectaculaire de l’histoire. Non rien de tout ça! Cependant, il est devenu le basketteur le plus populaire d’Haïti.

Si pour un grand nombre, Michael Jordan est le meilleur de tous les temps, l’ancien shooting guard (arrière) n’a été pourtant l’idole que d’une frange de la population haïtienne, car à l’époque de la transition, (1986-1996) très peu d’haitiens pouvaient s’octroyer une télé voire l’équipement complet pour le câble. Kobe Bryant, quant à lui, bénéficia de la hausse de l’audience autour du basket dans le pays. La diffusion des matchs sur des chaînes non câblées telles que Telemax (ch5) Canal 11 au début, puis RTG (ch18), RTVC (ch22) et Télé Galaxie (ch62) et l’usage massif de l’Internet ont permis tant aux connaisseurs que les amateurs de visionner un match de cette légende.

Ils ont été témoins en direct ou en différé de la 2e meilleure performance en termes de scoring d’un joueur en un match de NBA. Ce fut contre Toronto Raptors le 22 Janvier 2006 en claquant 81points dans un match qui s’est conclu sur le score de 122-104. Devant ce show incroyable, même les supporters des Raptors se sont inclinés et ont ovationné Kobe, scandant longuement M-V-P ! M-V-P ! A chaque ballon touché par Kobe, c’est toute une salle (18 997 spectateurs exactement) qui poussait pour qu’il réussisse panier sur panier. Une déception concluait chaque tir raté et une ovation à chaque tir réussi.

Pendant vingt ans, Kobe Bryant fut au cœur de nos débats sportifs. Il est assez courant d’entendre intervenir à la radio des jeunes, pour la plupart, ajouter « Kobe » à leurs surnoms. Régulièrement, dans les émissions de libre-antenne, les auditeurs demandaient de comparer Kobe aux plus grands tels que Witt Chamberlain, Earving « Magic » Johnson, Lebron James et bien évidemment Michael Jordan lui-même. Fantasques, certains ont été jusqu’ à donner ce prénom mythique à leurs fils. Une habitude bien connue chez nous: nommer son fils comme l’idole de sa jeunesse afin de perpétuer un héritage. Les Ronaldo, Diego (Maradona), ou Romario, on en connaît pas mal dans nos villes.

Nos commentateurs, eux aussi furent du bataillon des « Kobe addict » comme en témoignent ces hommages publiés sur leurs comptes twitter :


– Junior Prudent, correspondant à Brooklyn


– Jean-Pierre Étienne, journaliste à Radio IBO


– Shelove Perrin, journaliste à RTVC

De leurs côtés, les Los Angeles Lakers ont fait preuve de discrétion au moment de la disparition à une époque où l’on pense qu’il faut absolument parler ou tweeter pour exister ; c’est ce jugement qui a manqué à Steeve J.Bryan en faisant une sortie exécrable pendant que les hommages de nos compatriotes atteignaient un pic (cf :  Quand nos célébrités ratent l’occasion de se taire). L’auteur de l’album 1+7 a fait une sortie ratée sur Twitter insultant ceux qui ont d’une manière ou d’une autre montré leur chagrin. Les plates excuses présentées quelques heures plus tard dans un tweet n’ont pas suffi à lui racheter une image.

Une légende du sport s’est éteinte. Et franchement, peu importe qu’on aime la balle orange ou non : c’est un immense choc pour tout le monde.

On aura beau écrire, compiler, convoquer son legs basket-ball, on ne trouvera jamais dans aucune archive, aucun manuel, le secret de la formule qui a fait de Kobe Bryant, le maître du jeu durant la première décennie du XXIe siècle pour tous les fans haïtiens. Si l’on ne trouvera jamais un code du  #24 dans aucun logiciel informatique, c’est que son enseignement tient en un caractère, une mentalité: MambaMentality. Bryant était allergique à la défaite. Son obstination à toujours tirer: voilà la principale leçon qu’il laisse à tous ses jeunes haïtiens qui pratiquent le basket.

À propos Rodney Zulmé

Je suis Rodney Zulmé, rédacteur à Balistrad, étudiant finissant en Économie & Finances à l'IHECE. Passionné de scénarios et de thrillers. Chaque jour est une vie, à travers l'écriture, travaillons à la beauté des choses.
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