Opération-Rupture : « Réminiscences »

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 21 mars 2019 à 15h42

Depuis cette journée du samedi, on s’appelait régulièrement. Comme d’habitude, ce jour-là, tu avais fait bien plus que ce j’imaginais dans mes rêves les plus fous. Notre journée a été extraordinaire. Et depuis celle-ci, Wooly avait aussi décidé de se retirer de la partie. Il avait compris qu’il n’était qu’un outil de transition, disait-il. J’avais tenté de l’en dissuader mais il avait préféré abandonner. J’en étais beaucoup plus soulagée que peinée. Je regrettais seulement que Wooly me laisse en si mauvais termes croyant que je l’avais manipulé et utilisé.

Et depuis, toi et moi, on reprenait nos bonnes vieilles habitudes mais aucun d’entre nous n’osa aborder le statut de notre relation. Ce matin, après t’avoir laissé, j’essayais de me rappeler pourquoi on avait rompu. C’était un samedi après un énième rendez-vous avorté. Cela faisait des mois qu’on n’arrivait plus à se voir. Quand ce n’était pas ton travail, c’était ton club de volley-ball ou encore tes cours. Lorsque tu étais finalement disponible, je n’arrivais plus à me libérer. On se disputait beaucoup plus au lieu de discuter. On n’arrivait plus à tenir une conversation normale. Je t’avais demandé de prendre une pause. Tu m’avais plutôt demandé de t’épouser.
Au point où nous en étions, ç’aurait été une grave erreur de nous marier. Au lieu de te l’expliquer ainsi, je t’avais plutôt rétorqué que, pour l’instant, ma carrière était trop bien lancée pour que je la mette en veilleuse pour un mariage qui avait beaucoup plus de chances d’échouer que de réussir. Une dispute orageuse s’en était suivie. Et depuis celle-ci, on ne pouvait plus recoller les morceaux. Notre relation continuait de partir à la dérive.

Nos horaires chargés n’avaient rien arrangé. On trouvait à peine le temps de se passer un coup de fil. Lorsqu’on se parlait finalement, on se disait beaucoup plus de méchancetés que de bonnes choses. Finalement, un jour, j’explosai, te disant que je ne pouvais plus continuer ainsi. Il fallait qu’on prenne une décision. Tu me rétorquais plutôt que je voulais trouver une raison de rompre au lieu de t’épouser. Je m’énervais et te criais dessus et tu fis pareil. C’était la première fois qu’on s’emportait autant.
Au final, voyant qu’il ne nous restait plus d’issue, on avait décidé d’un commun accord de mettre fin à notre relation. Au tout début, je m’étais persuadée que c’était la meilleure chose à faire. Au fil du temps, je me suis mise presqu’à regretter nos disputes. Je voulais que tu m’appelles et que la conversation finisse en queue de poisson au lieu d’attendre en vain un coup de fil qui ne venait pas.

J’ai passé des mois à pleurer, crier, maigrir, me tuer à la tâche pour ne pas penser à toi. Jusqu’à ce matin où j’avais souri croyant que j’étais enfin libérée mais ce n’est qu’en te voyant que je me suis rendue compte que mon opération-rupture n’en était qu’à ses balbutiements. Aujourd’hui, sans savoir où nos petits rendez-vous et appels pouvaient mener, j’ai mis mon opération-rupture au placard.

Vanessa Dalzon

À propos Vanessa Dalzon

Vanessa Dalzon est Rédactrice en chef à Balistrad, diplômée en Droit à l'Université Quisqueya (UniQ). Elle est l'auteure du roman « Opération-Rupture », chronique publiée dans Balistrad pendant 22 semaines. Vanessa Dalzon partage son temps en dehors du bureau entre l’écriture, la lecture, le chant et les séries télé.
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