Où est passée la virginité ?

Temps de lecture : 7 minutes

Dernière mise à jour : 3 septembre 2023 à 13h01

Preuve d’amour, confiance et pudeur : On se demande où est passée la virginité ?

« Il n’y a pas pire qu’une fille vierge et un puceau sur un lit, c’est quasiment la guerre », ai-je dit un jour.

Il était une fois…non, ne croyez pas que je vais vous raconter une histoire d’une princesse charmante et d’une grenouille mais la question de la virginité. Il n’est pas sans savoir que cette formule magique vaut son pesant d’or, il vaut mieux ne pas la rejeter… Reprenons! Il était une fois, la virginité devenue la plus grande préoccupation de l’esprit amoureux aussi des parents de la religion. Souvent, nous écoutons ou sortons cette phrase fétiche :« M’aimes-tu ? Si oui, on l’aurait déjà fait ». Ne faisons pas semblant, le sexe, tout le monde en parle! C’est peut-être de la surexposition sexuelle de notre société: le sexe est partout dit-on! Cependant , dans les rapports sexuels, si la timidité se retrouve souvent chez les filles, le sentiment d’avoir le contrôle, le besoin de prouver sa virilité est retrouvé chez le garçon. Le sexe , en ce sens, ne vient camper l’éducation inégalitaire de notre société.

Les chiffres, en matière sexuelle, sont assez évocateurs . L’âge moyen de la perte de la virginité a nettement baissé chez les jeunes filles ces cinquante dernières années pour se rapprocher de celui des garçons, situé aujourd’hui à 17,2 ans . On pourrait alors parler du premier pas vers l’ « indépendance ». Selon le Figaro, jusqu’au milieu des années 1960, perte de virginité et mariage étaient étroitement liés pour les jeunes femmes. Ainsi, 70% des femmes aujourd’hui âgées de 70 ans et plus ont formé une famille avec leur premier partenaire sexuel . Ce taux n’est plus que de 20% aujourd’hui. La révolution des mœurs des années 1970, couplée à l’émancipation des femmes, leur arrivée massive sur les bancs des facultés puis sur le marché du travail a déconnecté le mariage, de plus en plus tardif, de la pression sociale de la virginité.

Autres temps, autres mœurs ?

Camille (pseudonyme) rencontrée un après-midi est une belle jeune fille avec un boulot, souriante, esprit ouvert et confiante. Elle a décidé de donner son avis autour de la question. La virginité reste un moyen de juger le côté prude des Jeunes filles. « Mes parents m’ont toujours dit qu’il fallait rester vierge », commence-t-elle par dire. Aussi, la virginité représentait beaucoup plus à une certaine époque , une conception qui a ,pour le moins , évolué : « Effectivement, à durant mon adolescence, la virginité avait une importance capitale à mes yeux mais plus tard, à mes 18 ans, j’allais avoir une autre conception. La religion m’a mis beaucoup de pression et a modelé ma façon de voir les choses. Si je n’étais pas chrétienne, je l’aurais perdue bien avant.

Selon moi, le plus important est la condition dans laquelle on la perd. Elle pourrait affecter le reste de la vie. Celles pour qui il s’agissait une mauvaise expérience seront moins enclines à avoir d’autres relations sexuelles avec d’autres partenaires. Le choix du partenaire devient, dans ce cas, important . Selon ce dernier, on subira moins de pression ou se sentira plus confiante. J’avais un petit ami et nous sommes restés abstinents durant plusieurs années pour finalement se mettre d’accord à 19 ans ».

La confiance peut être beaucoup plus importante que l’amour. On ne va pas cependant oublier que c’est ce dernier ouvrira, souvent, la porte de la confiance . La première fois nous suit comme une ombre. On ne l’oublie presque jamais.

Première expérience et abstinence, entre déshonneur et fierté

J’étais vraiment timide mai ce n’était pas, en gros,pas mauvais. Elle m’a permis de comprendre beaucoup de choses par la suite. Souvent, ce qu’on croyait au début n’est ,en fait ,qu’illusion. Si pour les adolescentes, la perte de la virginité est , souvent considérée comme un déshonneur , chez les garçons , la conception est tout à fait différente. Cela pourrait, entre autres, s’expliquer par la plus grande liberté dont jouissent ces derniers aux yeux des parents. Pour moi, c’était plutôt l’inverse.

Nathalie (Pseudonyme) ,elle, raconte ne s’être jamais sentie exclue des conversations se portant sur le sexe quand elle était vierge : « Mes amies en parlaient. Elles racontaient leurs expériences mais je ne me sentais pas obligée de le faire à aucun moment. J’éprouvais , de préférence, un sentiment de fierté et de contrôle. J’ai , cependant, connu des moments de caresse… Pour les filles clitoridiennes comme moi, la pénétration est au second plan».

La virginité est aussi ressentie comme une fierté pour Marie (pseudonyme) qui a 23 ans et, comme vous le devinez, est vierge. Ses parents lui ont toujours dit de ne pas mener une vie « libre ». Alors, elle est très méticuleuse en ce qui concerne le choix de ses partenaires: « Toute ma fierté repose là-dessus…Le sexe ou du moins la virginité nous lie à jamais à quelqu’un. Si ce n’est la manière, sa façon de procéder, la manière dont il nous a convaincues rend le moment inoubliable. Pas que l’envie ne me ronge pas, mais je souhaite me marier avec mon premier amour. » Elle avoue cependant se sentir exclue des blagues salaces, des conversations se portant sur la sexualité de ses amies à l’université. Elle évite de se retrouver dans des endroits trop intimes avec un homme. Elle a tout de même un petit ami :« Nous n’avions jamais couché ensemble . Il ne m’a non plus jamais déshabillée »

Pour Ferdinand Fils Lambert, la virginité était le symbole de la femme pure / bonne par rapport aux valeurs judéo-chrétiennes. Le monde actuel devient plus libéral et on ne s’identifie plus à certaines de ces valeurs. On s’affranchit d’un ensemble de contraintes sociales. Le corps n’est plus sacralisé. L’internet, le sexe en vogue de nos jours permet de remettre la virginité en question. Vierge à 28 ou 30 ans, ça n’est plus la norme.

La peur des vierges

Selon Ferdinand, tout dépendra de l’âge. Selon lui, une fille vierge à 25 – 30 ans, au temps actuel, a un problème: « Ce qui serait , par contre, normal pour une fille de 16 ou 18 ans. Vierge à cet âge (30 ans) signifierait que cette fille n’a pas fait d’expériences et serait sujette à pas mal de questions car notre vie de jeunesse est surtout une vie d’expériences. À chaque étape de notre vie vient un ensemble de vécus. C’est très important. » L’idée aussi qui veut que déflorer une fille entraîne un lourd fardeau du point de vue moral ou de la responsabilité que revêt l’acte reste bel et bien partagée dans l’imaginaire collectif haïtien. Cela paraît, à certains égards, dépassé. Aussi, une fille vierge dans son sillage pourrait paraître une perte de temps pour Ferdinand : « À mon âge bien entendu, cela requerra beaucoup de souplesse, de patience et des précautions. C’est tout un processus très stressant où le plaisir est quasiment absent.

Perte de virginité, plus une affaire de sécurité que d’amour

En général, la tendance veut que ce soit une preuve d’amour. Souventes fois, c’est par envie ou désir propulsé par son entourage ou ce qu’on voit entend. Il y aura toujours cet ami qui en parle, l’internet et tout le reste. Il devient alors normal d’avoir envie d’expérimenter la « chose ». Bref, l’hypersexualisation ne fait que nous inciter. La confiance cependant joue un rôle important. Il est recommandé de se sentir en confiance bien que parfois les gars mettent un peu de pression et poussent les filles à avoir de rapports sexuels sans qu’elles soient prêtes psychologiquement au point de les pousser à mentir sur leur virginité.

Le psychologue Robens Doly fait savoir que notre corps est comme une enveloppe qui nous contient et qui s’unit avec nous au point que notre identité se construit autour de ce dernier. Quand il est atteint ou modifié, la personne va être entièrement affectée. De même pour les filles, par rapport à la question de virginité. L’identité de ces dernières s’adaptent à leur nouvelle situation. En fait, il ne s’agit pas seulement du corps qui est modifié mais tout le sens repose sur la représentation qu’on en fait dans une société où le sexe est un sujet tabou. L’étape de la virginité qui est vécue dans beaucoup de cas comme un déshonneur pourrait être considérée comme une étape indispensable à la connaissance de son propre corps et surtout à une vie sexuelle épanouie. Parler de déshonneur quand il est question de virginité laisse comprendre que dans la relation sexuelle, l’homme sort gagnant et la femme perdante. Ce qui n’est pas du tout le cas. Dans l’acte sexuel rien n’est ni gagné ni perdu, il s’agit plutôt d’un partage de plaisir.

Tenant compte du contexte socioculturel, ce cliché que les gens ont de la relation sexuelle comme une performance, un combat se fait prédominant. D’ailleurs, les mots créoles utilisés en disent fort (taye, koupe, kraze, manje, boule, etc.) Il est nécessaire que les concernés soient psychologiquement prêts à s’impliquer. Naturellement, la fille cherche plus de sécurité parce qu’on lui fait croire qu’elle va perdre quelque chose. D’ailleurs, elle ne doit pas la perdre n’importe comment, avec n’importe qui et n’importe où. Il en va de sa réputation . Il faut qu’elle soit en confiance par rapport à l’ampleur de cette décision qui va modifier à la fois son corps et toute sa vie. D’où l’importance d’une bonne préparation des partenaires afin de franchir l’étape avec succès. Cette préparation qui doit être aussi psychologique veillera à ce que la partenaire se sente assez confiante pour franchir l’étape, qu’elle sera en sécurité et ne sera pas abandonnée ensuite.

Dans le cas contraire, on risque d’avoir des cas de stress aigu voire de dépression amoureuse et affective. Du coup, la première aventure sexuelle, si elle est bien vécue, peut garantir à la personne une vie sexuelle plus intéressante tout comme cela peut être un trauma pour elle. Ici, réside l’aspect ultime de bien vivre cette expérience. En général, les femmes qui ont connu une première relation sexuelle de manière non désirée ou par un viol ne jouissent pas de l’acte sexuel comme celles qui l’ont vécu avec plus d’assurance et de sérénité. Quelques unes n’y trouvent aucun plaisir. Ce qui montre qu’il est très important pour une fille de bien vivre cette première expérience.

En peu de mots, l’étape de la virginité, pour être bien franchie, réclame une bonne préparation psychologique, de la sécurité et la confiance en son partenaire.

Ce que vous devez savoir

Interrogée sur la question, l’infirmière Edelie Jean-Pierre nous apporte quelques précisions : Premièrement, la fille doit être prête biologiquement et psychologiquement. En second lieu, on estime que presque la moitié des femmes ne présentent pas de saignements lors de leur premier rapport sexuel .La présence ou non de saignements lors du rapport est physiologique et n’est en aucun cas une preuve de virginité. Il se peut, de plus, que des saignements apparaissent lors du ou des rapports sexuels suivants, au cas où l’hymen ne se serait pas assez détendu lors du premier rapport. Certaines femmes n’ont pas d’hymen. Ce n’est pas un problème. Il (l’hymen) n’a pas de terminaisons nerveuses , ce qui explique le fait qu’il soit indolore . Par contre , il contient des capillaires et quand il subit des pressions , il saigne lors de la première pénétration. Le vagin peut se contracter et rendre la pénétration difficile. Le garçon doit s’assurer que la fille se sente confortable et que le désir de « faire » soit réciproque.

Vous vous souvenez-vous de ce vieil adage : Ne faites pas la guerre, faites l’amour ? Il est alors temps de vous appliquer. Alors, faites vos jeux !

Djedly François JOSEPH
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http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/07/29/01016-20140729ARTFIG00102-dix-sept-ans-l-age-de-la-premiere-fois.php

À propos Djedly François Joseph

Originaire de Cap-Haitien, Djedly François Joseph est étudiant finissant en Science Politique à l'Université d'État d'Haïti, Campus Henry Christophe à Limonade. Il est fondateur et coordonnateur de Entre Les Pages, une organisation à but non lucratif vouée à la promotion de la littérature, du débat et de la lecture. Animateur de radio, membre de CAEC, Ambassadeur du Programme Nouveaux Horizons de l'Ambassade des Etats-Unis, son engagement pour le futur se fait sous diverses formes dont l'écriture car il croit qu'on aura vécu entre les doigts.
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