PIKLIZ signe son deuxième recueil

Temps de lecture : 3 minutes

Dernière mise à jour : 29 août 2018 à 17h17

PIKLIZ est une association socio-culturelle qui évolue dans la cité d’Anacaona. Elle signera ce dimanche 26 août à Léogâne un recueil de poésie en créole titré « Kan n ale ».

C’est en 2013 que des lycéens du Lycée Anacaona de Léogâne ont décidé de se mettre ensemble pour parler poésie et produire. Ils ont retenu le 30 juin comme date officielle car ce jour leur rappelle leur première fois sur scène. Grâce à la Compagnie d’Art de Léogâne hébergeant plusieurs ateliers, dont un atelier de poésie animé à l’époque par Stanley Laferrière, ces jeunes allaient exploiter un talent déjà découvert.

Pourquoi le nom PIKLIZ?

 » PIKLIZ est un nouveau goût dans la gastronomie haïtienne. Il y avait toujours de la poésie dans la ville mais nous voulions divorcer de cette forme de poésie qui était surtout versification. Apporter une autre touche, un goût particulier. Voilà pourquoi nous avions choisi PIKLIZ. », nous confie Diery Marcelin, membre du groupe.

L’évolution du groupe lui a permis de s’ouvrir un peu plus. Actuellement PIKLIZ tient un atelier de danse folklorique et latine, un atelier de musique et de chant et un atelier d’écriture littéraire (poésie et slam). En 2016, ils ont sorti un recueil de poésie « Yon twoup yon nanm » devenue depuis quelque peu leur devise et en 2017 un démo de 4 textes portant le titre de « DeMoLi. » « Kan n ale » est donc leur deuxième recueil de poésie. Interrogé sur la portée d’un tel titre créole, Diery répond qu’il est polysémique. Tout d’abord « Kannale », une image qui illustre la migration de nos jeunes vers le Chili, le Brésil, bref l’Amerique Latine et d’autres pays à cause des mauvaises conditions de vie du terroir.

 » Tout tè kannale
Desann nan rivyè Lespwa anmè
Anba popyè se chimen rivyè… »

Puisqu’il n’y pas de mieux-être, puisque l’agriculture est délaissée partout et même à Léogâne dont l’identité fut pendant longtemps la canne à sucre.

 » Kann ki fèl
Asosi ba l jarèt
Tafyatè peye sa… »

De là, apparaît ensuite le second sens du titre du recueil: « Kann ale », alors en deux mots. Ce qui signifie la baisse considérable de la culture de la canne à sucre dans la cité. C’est un constat criant: les champs de canne s’avèrent plutôt rares de nos jours. Enfin le dernier sens du titre se trouve dans trois mots: « Kan n ale », forme contractée de « Kan nou ale ». Ils en profitent pour demander à tous de ne pas attendre qu’ils soient six pieds sous terre pour les honorer. « Pa tann kan n ale… pwofite ba nou valè a la. »

« Kan n ale
Y a plenyen y a boude
Y a fè je yo fè tè pwa tè mayi nan pantalèt bliye… »

La vente signature de ce recueil est prévue pour le dimanche 26 août 2018, à l’occasion de la fête de Sainte Rose de Lima, sainte patronne de Léogâne. Selon la troupe, cette fête patronnale pourrait draîner des touristes et c’est donc le moment idéal de proposer ce que peut offrir la commune. Parler du fameux duo « Kann / canne à sucre » et « Kann ki fèl / clairin », mettre en valeur la canne à sucre et son produit dérivé. Cette réputation qui auréolait la cité s’estompe peu à peu malheureusement, puisque aujourd’hui le clairin de St Michel de l’Attalaye a presque pris le dessus.

PIKLIZ rappelle aux jeunes d’Haïti en général et de Léogâne en particulier que la dérive n’est pas l’unique option. En cherchant tout au fond, on va pouvoir trouver autre chose. PIKLIZ a jeté son dévolu sur la poésie et le slam mais il existe d’autres choix pour éviter de plonger dans les dérives de la société. Tous les jeunes peuvent opter pour quelque chose d’autre que le négatif. La troupe reste aussi persuadée qu’il est important d’avoir une jeunesse engagée qui n’abandonne pas même si elle est abandonnée, qui embrasse une lutte et reste fidèle à la cause. Et elle se dit fière de faire de l’art qui puisse servir à quelque chose.

Ce dimanche 26 août, la commune de Léogâne aura une double occasion de se réjouir. Habitants de la ville et des zones avoisinantes, invités pourront se procurer un recueil à Côté Jardin, Grand-Rue, Léogâne au prix de 300 gourdes, discuter avec les poètes-slameurs et se le faire signer tout en se trempant dans le bain du plaisir à l’occasion de la fête de la Sainte Rose. Avec « Kan n ale », PIKLIZ versera de la poésie dans la bouteille des festivités de la ville. Balistrad leur souhaite déjà bon vent et une bonne fête patronale à la fière cité d’Anacaona.

Witensky Lauvince

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