Rébecca Pierre : une jeune entrepreneure qui s’accroche au crochet

Temps de lecture : 4 minutes

Dernière mise à jour : 29 juillet 2021 à 19h11

C’est en 8ème année Fondamentale au Coeur Immaculée de Marie (CIM) que Rébecca a appris à broder et à tricoter. Au début pour elle, ce n’était juste qu’un cours extra scolaire parmi tant d’autres, qu’elle devait réussir. Cependant, une certaine passion l’y reliait : « Il est vrai que c’était un cours extra scolaire, mais moi j’y attachais un certain engagement ». Aujourd’hui, elle n’aurait jamais envisagé que cela deviendrait une partie aussi importante de sa vie…

Nous sommes à l’ère du numérique. Depuis plus de dix ans, des sommets, des séminaires de formation, des conférences tournent autour de l’entrepreneuriat. Avec ça, beaucoup plus de gens n’ont plus peur de se lancer dans les affaires. Formés par des experts dans le domaine, et surtout avec les documentaires et les astuces dispos sur l’internet, les jeunes s’instruisent et prennent de l’assurance.

Ce cliché selon lequel les jeunes ne rêvent que de devenir des salariés ou des grands fonctionnaires (publics ou privés) n’est plus aussi à la mode. Ils osent créer, changer le monde. Ainsi, leurs horizons s’élargissent, ils produisent. Leurs visions des choses ne sont plus les mêmes qu’il y a dix ou quinze ans. Ils croient maintenant au pouvoir du Self-Branding, au succès du business. C’est le cas de Rébecca Pierre, qui a créé Rebec’Art il y a plus d’un an. Une passion qui est devenue pour elle une source de revenus, son bijou, son bébé, son entreprise.

À propos de Rébecca Pierre

Rébecca Pierre

Née à Port-au-Prince le 25 juin 1991, originaire des Cayes, Rébecca est la fille aînée et unique d’une famille de 2 enfants. Elle a fait son préscolaire et primaire à l’école « Nid d’Enfants », et ses études secondaires au CIM. De 2012 à 2016, elle va étudier l’Administration Économique et Sociale à l’Université d’État d’Haïti en se spécialisant dans la Gestion des Entreprises.

À la fin de ses études universitaires, malgré les démarches entreprises par la jeune diplômée, les choses ne s’étaient pas présentées comme elle l’espérait. Alors pour s’activer, elle s’était mise à jongler entre le bénévolat, les petits contrats par-ci, par-là auprès, des ONGs, l’Électricité d’Haïti et d’autres institutions, mais ces activités ont toujours été éphémères. Elle n’a jamais eu droit à un emploi stable, avec un salaire fixe, des assurances médicales et tout ce qui va avec. C’était donc l’une des raisons qui lui a poussé vers le monde des affaires.

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D’où vient Rébec’Art ?

Cela a commencé en 2017, lorsque sous la demande de quelques proches, Rébecca s’est mise à tricoter des pièces comme des bonnets, des bracelets, des chockers, etc… Ils les portaient au quotidien, au travail, à leurs activités culturelles. C’était pour eux une façon indirecte de promouvoir le travail de leur amie. Ses petites créations ont tout de suite captivé des cœurs. Les mots d’encouragement, les félicitations étaient de rigueur.

C’est là que la passion que Rébecca a cru morte en elle depuis la fin de ses études secondaires a commencé à se rallumer.

“Nan pataje ide, tande ankourajman ak pran konsèy, m vin rejwenn motivasyon ak enspirasyon pou m lanse seryezman nan kwochè” avoue Rébecca.

Avant, elle aimait publier ses œuvres sur ses pages personnelles (Facebook et Instagram) juste comme ça, mais le 24 octobre 2018, adieu les hésitations ! Fini les incertitudes! Rébecca Pierre se jette à l’eau, se lance officiellement sous le nom de Rebec’Art, en créant deux pages professionnelles IG et FB. Des photos de ses produits (Chockers, bikinis, monokinis, croptops) défilent sur les réseaux sociaux. Ses amies, comme toujours ne se font pas prier pour les partager. C’est ainsi que les commandes individuelles ou collectives commencent à fuser de partout. Elle ne tardera pas à recevoir des propositions de partenariat, et même des contrats. Rebec’Art est désormais une entreprise ! Des exigences se font sentir, on se demande si ce serait trop tôt pour s’offrir le luxe d’un staff de management « Je peux dire que j’ai de bons amis qui sont toujours prêts à m’aider en tout ce qui s’attache à Rebec’Art. Ils me font des suggestions, m’aident à gérer le marketing, me trouvent des clients, mais le staff officiel c’est pour très bientôt. J’y travaille. » confesse La DG de Rebec’Art à la rédaction de Balistrad.

Quel bilan pour Rebec’Art pour cette première année

Rébecca ne peut pas donner de chiffre d’affaires pour le moment. Elle estime peut-être que c’est un peu trop tôt. l’Entreprise ne roule pas sur de l’or, mais elle avoue quand même qu’elle a atteint 60% de ses attentes pour cette première année, que l’expérience est tout à fait satisfaisante et qu’elle a encore quelques commandes en attente. Disons que pour le taux de demande, elle n’a pas à s’en plaindre. Son partenariat avec la troisième édition de Miss Pernier de Septembre à décembre 2019 a été le succès de l’année, une aubaine à laquelle elle ne s’y attendait pas. Elle en a profité pour mieux vendre l’image de Rébec’Art en peaufinant ses travaux, « se te pi gwo sipriz mwen pou ane a. M pa ka di plis. Je me suis donnée à fond pour remettre un bon travail, ils étaient satisfaits » nous souffle la Boss Lady avec un soupçon de fierté. Fierté bien méritée on va dire.

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Des nouvelles perspectives pour 2020

À l’entendre, les pensées de Rébecca pour son bébé sont très prometteuses, « j’ai tellement d’idées pour Rébec’Art, chaque jour je réalise que l’aventure ne fait que commencer », s’enthousiasme la jeune économiste. Entre-temps, pour l’année 2020, elle a déjà deux(2) contrats qui l’attendent, l’une qu’elle devra honorer toute seule, et la deuxième, en association avec une autre Entreprise. Elle compte aussi organiser plusieurs ateliers avec des adolescents et des jeunes qui sont déjà intéressés. Ce qui lui sera très utile en terme de main-d’oeuvre pour lancer sa toute première collection dont elle ne veut pas encore divulguer le nom.

Conseil aux jeunes

La business woman recommande aux jeunes qui voudraient se lancer dans les affaires de s’armer de courage, de beaucoup de persévérance, s’ils veulent atteindre leur but, surtout en Haïti dans un pays où les valeurs, les compétences des jeunes ne sont plus respectées : « Ne dites jamais que vous n’y arriverez pas tant que vous n’avez pas encore essayé. N’ayez pas peur de vous investir corps et âme dans ce que vous aimez, en ce que vous croyez. Prenez des risques, ce n’est pas du tout facile, mais tant que vous savez ce que vous voulez et que vous y travailliez, vous pouvez faire des miracles » martèle Rébecca.

Comme toute nouvelle entreprise qui veut prendre ses marques, Rebec’Art est ouverte aux investissements et à toutes sortes de propositions pouvant lui mener à un plus grand essor. Pour tout contact, vous pouvez vous fier aux coordonnées suivantes : rbecart25@gmail.com instagram.com/rebec_art, facebook.com/Rebec’Art,                           Tel : 509 37 26 9041.

Mydna St Cima

À propos Mydna St Cima

Diplomate et linguiste de formation, Mydna ST CIMA est née à Port-au-Prince. Dès son plus jeune âge elle se sent habitée par une passion pour la littérature, d’où le respect qu’elle voue aujourd’hui à la lecture et les langues étrangères. Mydna est une grande observatrice et a le souci d’une bonne communication. Elle est donc persuadée que l’écriture est l’un des meilleurs canaux pour populariser ses perceptions, ses engagements, ses sentiments, ses analyses et sa vision du monde extérieur aux gens.
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