Seize ans pour un diplôme non – authentique…

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L’éducation en Haïti reste comme toute autre question d’intérêt public problématique et ce sur ses différents aspects. Ainsi, l’étude classique que nous connaissons tous dans notre cher petit pays s’étend sur une durée de seize années pour ceux et celles qui réalisent un parcours sans faute. Cette longue -si ce n’est la plus longue d’ailleurs, dans le système éducatif mondial- étape d’étude se couronne par un diplôme de fin d’études attesté les responsables éducatifs haïtiens.

Les énormes sacrifices que consentent chaque année les candidats aux épreuves du baccalauréat haïtien ne sont, en faite ,rien par rapport aux efforts à déployer  à l’étape suivante et ne représentent, en réalité, qu’une goutte d’eau dans l’océan. La nouvelle étape, nous la connaissons: le chemin de l’université.

Encore un autre problème majeur dans le système éducatif haïtien. D’ailleurs, à considérer la définition et le rôle d’une université, il revient à se demander s’il en existe vraiment une en Haïti .

Toutefois, il faut dire que ce chemin est celui que peu de victorieux face à ces épreuves dites baccalauréat empruntent. Si l’on n’est pas d’une famille plus ou moins aisée capable d’investir des centaines de milliers de gourdes et qu’on ne parvienne pas non plus à intégrer l’une des entités de la soit disant Université d’Etat d’Haïti (UEH) qui reste malgré tout la meilleure, on est carrément foutu.

Ceux qui ne s’adonneront pas au vagabondage s’orienteront vers les écoles professionnelles, et d’autres pour la plupart, à la migration à destination de l’Amérique du Sud (Brésil, Chili), du Nord (Canada, Etats-Unis) et les Antilles.

Pour le peu qui ont la chance de se faire inscrire et qui intégreront l’enceinte de l’ Université d’Etat, il leur est réclamé un ensemble de documents comme initialement mentionnés afin de valider leur inscription parmi lesquels le diplôme de fin d’études obtenu après les succès aux épreuves de baccalauréat un et deux, aujourd’hui bacc unique. Sinon, c’est quoi ce document ? Son importance, sa validité et condition d’acquisition sont les points essentiels de notre réflexion.

Ce document est un acte délivré par l’institution étatique responsable des affaires éducatives qui confère le titre de finissant à l’école classique à son récipiendaire en réussissant notamment les épreuves nationales de baccalauréat haïtien. Un document que peu de candidats réussiront à détenir de l’Etat. Elle valide la fin des études classiques et rend apte à intégrer une université. On le réclame aujourd’hui au prix de cent gourdes , accompagné d’un relevé de notes des résultats obtenus, aux endroits indiqués par le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) qui sont ,en général, des écoles dans lesquelles des responsables sont placés pour le service de livraison. Jusque là, bonne et importante initiative!

Ce document que nous livrent ces responsables -en général dans un intervalle de deux jours après la demande pour la somme indiquée- à quoi nous servira-t-il vraiment si cet dit acte en provenance de l’État ne sera reconnu comme étant valide qu’après une légalisation ? C’est un fait bizarre qui devrait interpeller les esprits. Comment se fait-il que l’Etat, au moyen de l’organisme établi soit le BUNEXE (Bureau National des Examens d’Etat) ou le MENFP responsable de ces affaires, d’où un organisme légal, nous livre-t-il des documents non légalisés donc non – authentiques ?

L’État ne se ferait – il pas confiance ? Ou serait-ce uniquement dans un souci d’approvisionner ses caisses ?

De plus, il faudrait voir la misère avec laquelle on finit par obtenir un tel acte. Pour preuve : il faut se rendre tôt à l’endroit indiqué afin d’éviter la ligne, remplir le formulaire de demande , payer les frais requis et enfin se premunir de la fiche de réclamation. Le personnel de service est peu tandis qu’ un coup d’œil sur la liste nous ferait comprendre que le nombre payé pour fournir les services est plutôt conséquent . Où sont-ils passés ? Personne ne sait! De toute façon, ils seront tous payés.

En plus ,l’heure à laquelle débutent les services a toujours demeuré comme toujours un dilemme. Il n’y a donc, en effet pas d’heure fixe pour commencer mais l’heure de la fin est toujours au rendez-vous, peu importe le nombre de demande.

Aussi le respect pour des administrés est bien évidemment absent. L’heure est déjà une preuve de non-respect et à cela s’ajoute le phénomène de « moun-pa » .Peu importe leur heure d’arrivée, les connaissances du personnel de service sont prioritaires. Celles qui font la queue depuis longtemps sont parfois secondaires. Il faudra aussi mentionner que les salles dans lesquelles sont fournis les services se font de plus en plus exigus . Vous vous imaginez !

Il faudra finalement se demander quel serait l’intérêt d’une institution dont même les pièces auraient besoin d’être authentifiées ! Aussi si le courronnement de toutes ces années d’études se voit attesté par un diplôme non valide, n’y aurait-il pas lieu de questionner le bien fondé de tout le processus des examens ? Pourquoi ne pas simplement donner aux bacheliers un document authentifié sans qu’ils ne soient obligés de connaître toute cette lenteur et gabegie administratives? À croire qu’à défaut de projet viable, nous nous impliquons à compliquer les choses pour faire penser que nous travaillons. ..

 

À propos Filisner Dieujuste

Filisner DIEUJUSTE, jeune étudiant en linguistique à la Faculté Linguistique Appliquée (FLA) de l’Université d'Etat d'Haiti (UEH) et en journalisme à ISNAC. Passionné de littérature, futur linguiste, aspirant juriste, psychologue et politologue haïtien comptant s'investir dans la vie éducative, intellectuelle et politique de son pays. Aspirant écrivain.
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