Une lutte pour la réussite

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Dernière mise à jour : 26 mars 2019 à 16h58

Une quantité importante des jeunes fréquentant les universités de la capitale est originaire des villes de province. Entre le déménagement, l’adaptation à cette nouvelle vie, le début des cours, les incertitudes sur les choix de carrière qui viennent les tourmenter, il est souvent difficile de tenir le cap. Il sera question, dans ce texte, de nombreuses difficultés auxquelles les jeunes font souvent face à la capitale dans le cadre de leurs études. Je parlerai non seulement au nom de mes camarades mais aussi au nom de tous les jeunes universitaires qui, comme moi, sont passés par là.

Étudier à la capitale reste et demeure une lutte constante pour la réussite.
Le premier pas reste le déménagement. On quitte les parents, les amis qu’on ne verra pas avant longtemps et tout un tas de choses et de personnes auxquelles on tenait vraiment. Il y a ceux qui partent pour aller vivre seuls, chez des amis ou des membres de la famille. Il y a les chanceux qui se retrouvent bien encadrés et ceux qui connaissent tous les martyrs et sont complètement livrés à eux-mêmes.

Se rendre à l’université est pour certains un combat. La rue est une jungle qu’il faut coûte que coûte traverser car comme nous disons chez nous « lekòl la pap vin lakay ou ». À la capitale, à moins d’habiter dans le voisinage de son université ou que l’on ait sa voiture, il est difficile d’arriver à bon port dans l’état où l’on a initialement laissé sa maison. Pour cause ? L’état critique des transports en commun. Avec les chauffeurs ( Le système obligeant) qui entassent les personnes comme des animaux dans les tap tap et taxis, il est impossible d’arriver à l’université en bon état. Par là, il faudra entendre parfumé et avec des vêtements impeccables. Il y a également les inévitables bouchons que l’on rencontre malgré les nombreux efforts déployés pour les éviter. Parfois, on doit composer entre rester dans les embouteillages et arriver en cours très en retard, prendre la route à pied dépendamment de la distance qu’il reste à parcourir ou encore prendre une moto dont le prix de la course est exorbitant. Si ce dernier est beaucoup plus rapide , il n’en demeure pas moins beaucoup plus dangereux.

Rentrer chez soi après les cours est un autre combat de plus grande envergure, surtout si les cours se terminent vers19h30. On arrive chez soi entre 20h30 et même 22h pour certains ! Entre la fatigue, l’insécurité, la rareté d’électricité pour étudier le soir , les notes s’accumulent. On a parfois l’impression de couler!

Le côté économique de la vie des étudiants n’est pas meilleur que les autres. Lorsque les parents envoient de l’argent, on doit souvent jauger entre nécessité priorité . La nourriture, le transport, le loyer pour certains, les frais d’hôpitaux, les copies des documents, l’impression des devoirs pour ne citer que ceux-là. Il devient alors impossible d’aborder les ouvrages que nous proposent ou nous imposent les professeurs à cause de leurs prix élevés. Certains font clandestinement des photos des pages dont ils ont besoin, d’autres profitent pour les lire petit à petit en faisant mine de vouloir les acheter. Parfois, il est question de rester sur sa faim quand la dernière gourde a été dépensée en nourriture ou en copies . Aussi, il n’est pas question d’en redemander aux parents puisqu’il faut , après tout , les ménager. Encore, arrivé à un certain âge, on évite de les déranger pour un rien.

Se documenter pour la réalisation des devoirs peut s’avérer être beaucoup plus difficile que ce que l’on peut croire. Pour certains sujets, on peut remuer ciel et terre et ne trouver aucune documentation adéquate. Là, les doutes quant au choix d’orientation se font vraiment sentir. Le peu d’universités à avoir une bibliothèque chez nous n’offre pas vraiment une panoplie de documentations. Disons-le franchement, elles sont pauvres !

Il y a ceux qui ont débuté et qui au bout de 2 ou 3 années, réalisent qu’ils auraient dû choisir autre chose, ou qu’ils n’ont pas d’aptitude pour ce qu’ils font et décident d’abandonner pour recommencer ou d’abandonner définitivement . Il existe aussi ceux qui terminent leurs études exactement dans le temps imparti et d’autres qui traînent un peu. Il y a ceux qui trouvent un travail avant même de boucler l’université sans compter ceux qui n’y arrivent pas longtemps après l’obtention la licence. Il existe enfin ceux qui terminent leurs études mais qui travaillent dans un domaine tout à fait opposé à celui auquel ils ont consenti tant d’efforts et de sacrifices.

À cela, il faudra ajouter les propositions indécentes dont certaines étudiants sont l’objet de la part de certains professeurs pour au moins espérer la note de passage. Aussi, sur le marché du travail, elles devront encore faire faire face à ces basses demandes. Quoiqu’il en soit, ceux qui parviennent à terminer leurs études universitaires à la capitale malgré tout peuvent se targuer d’être de véritables super héros !

Ce texte a été rédigé avec le support de Bernard Emmanuel, Gilet Clifford, Paul Jessica et Redon John Valens.

Isaac Justine

À propos Justine ISAAC

Étudiante en sciences juridiques à l'Université Quisqueya. Je suis une Cayenne passionnée de l'écriture et de la lecture.
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