La dictature des résultats

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 21 novembre 2019 à 17h18

Le travail est l’âme de tout; il occupe notre esprit et emploie utilement nos forces ; il marche toujours accompagné du courage, de la gaieté et de la satisfaction intérieure ; il est le meilleur auxiliaire de la vertu et en même temps le soutien et l’ornement de notre existence. Il est la meilleure ressource contre l’ennui que les plaisirs. Aussi, certains postes qu’on occupe dépendent uniquement des résultats qu’on fournit, peu importe qu’on soit sapé comme jamais ou qu’on parle sept langues ou qu’on ait remporté trois « Ligue des Champions » de suite.

Ce mardi 19 novembre 2019, 171 jours après l’arrivée en finale de la Ligue des Champions avec Tottenham Hotspurs, (un exploit pour ce club de 2nde zone autrefois) Mauricio Pochettino se fait virer à la suite d’un mauvais début de saison (le club se trouve hors du Big five et a lourdement chuté 2-7 contre le Bayern Munich en Ligue des Champions). Ce limogeage met fin à un valeureux parcours de 5 ans avec le club londonien. Celui qui a donné une identité de jeu au club et l’a maintenu à un niveau supérieur à celui des clubs traditionnels – actuellement déclinants – Arsenal et de Manchester United fait maintenant partie des entraineurs libres de tout contrat. La dictature du résultat a eu raison de Mauricio Pochettino qui s’est affirmé comme un coach de haut standing en tirant la quintessence d’un groupe moyen qu’il a mené au sommet à plusieurs reprises.

Son bilan avec le club est mieux que certains de la place. En 293 matchs, il a gagné 160 fois, concédé 60 nuls, pour 73 défaites, pour un total de 559 buts inscrits et 322 contre. Le hic dans son histoire est qu’il n’a pas gagné les finales qu’il a jouées, ni n’a su battre les concurrents directs lorsqu’il le fallait (0 victoire cette saison contre les grands d’Angleterre).

Les cas comme celui de Mauricio Pochettino, on en connait beaucoup dans le foot : Arsène Wenger après 22 ans à la tête d’Arsenal a dû partir suite aux incessantes demandes des fans aux pancartes #WengerOUT ; son compatriote, Laurent Blanc au PSG, du fait qu’il n’a jamais atteint les ½ finales de la Ligue des Champions, malgré une bonne production de jeu a lui aussi perdu son poste d’entraineur ; Carlo Ancelotti après avoir gagné la fameuse « decima » avec le Real Madrid en 2014 en plus d’une Copa del Rey a dû plier bagages la saison suivante à cause d’une saison blanche pourtant le Real Madrid jouait beaucoup mieux que la saison précédente. Plus récemment encore Zinedine Zidane, légende du Real Madrid, a failli perdre son poste lors d’un déplacement à Galatasaray mais ce dernier a su rebondir en infligeant une série de scores larges face à des clubs qu’il n’arrivait pas à dominer plutôt dans la saison. Toutefois la menace d’une révocation plane toujours au-dessus de sa tête.

Un dicton africain dit : « Si tu tires trop sur la corde et que l’âne meurt, les pierres pour construire ta maison c’est avec les mains que tu vas les porter ». Pochettino a trop attendu des joueurs qui voulaient s’exprimer ailleurs (Christian Eriksen, Dele Alli, Toby Alderwereild, entre autres). C’est ce qui arrivera éventuellement à Ernesto Valverde. Sa dépendance flagrante du lutin de Lionel Messi et ses limites au niveau tactique déplaisent à bon nombre de supporters dans le monde. Cependant il est reconduit à chaque saison, car ses résultats le maintiennent. Le Barca de Valverde n’éblouit pas, mais gagne tellement (3 titres sur 5 possibles sur le plan local) qu’on attend tout le jour où cette blague va s’arrêter et enfin mettre un tacticien sur le banc de touche blaugranas dans le but de « Make Barcelona great again ».

Il faut croire que le monde du foot est guidé par les résultats et l’argent. Les seuls qui sont immunisés contre toute révocation de ce genre sont Jurgen Klopp (Liverpool), Josep Guardiola (Macnhester City) et Diego Simeone (Atletico Madrid) car ils ont donné non seulement une identité de jeu à leurs équipes mais sont devenus également des symboles de ces clubs.

En football, l’insuffisance de résultats ne pardonne pas à moins qu’on s’appelle Marc Collat et qu’on dirige la sélection haïtienne de football.

À propos Rodney Zulmé

Je suis Rodney Zulmé, rédacteur à Balistrad, étudiant finissant en Économie & Finances à l'IHECE. Passionné de scénarios et de thrillers. Chaque jour est une vie, à travers l'écriture, travaillons à la beauté des choses.
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